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Pierre Boucher, Fondateur de Boucherville

Table des matières

« Fais ce que dois… Advienne que pourra »

Fondée en 1667, Boucherville ne peut se raconter sans retracer la carrière de Pierre Boucher qui fut à la fois fondateur, pionnier, défenseur et premier urbaniste de notre cité. Il a passé 82 ans de sa vie en Nouvelle-France.

Né à Mortagne-au-Perche en 1622, il n’a que 13 ans lorsqu’il arrive à Beauport, près de Québec, avec ses parents Gaspard Boucher et Nicole Lemaire. Deux ans après son arrivée, Pierre Boucher accompagne les missionnaires Jésuites au pays des Hurons durant quatre ans, ce qui lui permet d’apprendre les langues des Algonquins, des Hurons, des Iroquois et des Montagnais. À son retour, il devient interprète et soldat auprès de monsieur de Montmagny. On le retrouve à Ville-Marie en 1642. Ensuite, Pierre Boucher poursuit sa carrière au poste de Trois-Rivières. En 1644, il est nommé interprète officiel et commis en chef au fort de Trois-Rivières et cinq ans plus tard il acquiert le grade de capitaine. Cette même année, il épouse Marie Ouébadinoukoué (Marie Chrestienne) une huronne éduquée chez les Ursulines à Québec. Le mariage est de courte durée, puisque la jeune femme décède la même année après avoir donné naissance à un fils qui ne vécut pas. Trois ans plus tard, il épouse Jeanne Crevier. De cette union naîtront 15 enfants.

Pierre Boucher de Boucherville
Marie-Ursule Boucher
Lambert Boucher de Grandpré
Ignace Boucher de Grosbois
Madeleine Boucher
Marguerite Boucher
Philippe Boucher
Jean Boucher de Montbrun
René Boucher de Laperrière
Jeanne Boucher, jumelle
Louise Boucher, jumelle
Nicolas-Michel Boucher
Jean-Baptiste Boucher de Niverville, jumeau
Jacques Boucher de Montizamber, jumeau
Geneviève Boucher

Au sommet de la menace iroquoise en août 1653, le capitaine Pierre Boucher se comporte en véritable héros, ce qui lui vaut le poste de gouverneur, puis de juge royal. En 1661, grâce à sa connaissance du pays et à son expérience, le gouverneur d’Avaugour le délègue comme émissaire auprès du roi Louis XIV afin de lui exposer la détresse de la colonie. La mission sera couronnée de succès. En 1665, le roi et Colbert enverront le régiment de Carignan-Salière. C’est également en 1661 que Pierre Boucher reçoit ses lettres de noblesse, ce qui en fait le deuxième à recevoir cet honneur en Nouvelle-France après Robert Giffard.

Au retour de sa mission en 1662, malgré ses nombreuses occupations, Pierre Boucher, aidé de monsieur Étienne Pezard de la Touche, prend le temps de rédiger son « Histoire Véritable et Naturelle des mœurs et productions du Pays de la Nouvelle-France vulgairement dite Canada». Son livre est publié à Paris en 1664. Le but de cet ouvrage est de faire connaître la Nouvelle-France et d’inciter la venue de nouveaux colons en ce pays.

Cette même année, Pierre Boucher démissionne de son poste de juge royal. On peut présumer des raisons qui ont influencé sa décision. Jeanne Énard (Esvard) Crevier, sa belle-mère, et ses beaux-frères avaient développé un réseau de trafic d’alcool, ce qui était tout à fait illégal. Pierre Boucher aurait eu à les juger. On comprend facilement qu’il a préféré démissionner.

Pierre Boucher possède déjà plusieurs concessions. Cependant, en 1664, monsieur Jean de Lauzon lui concède une nouvelle terre : la seigneurie des Îles-Percées dans la seigneurie de La Citière. Pierre Boucher est considéré alors comme l’un des plus grands propriétaires terriens de son époque.

En 1667, après le mariage de sa fille Marie-Ursule avec le lieutenant René Gaultier de Varennes, il démissionne de son poste de gouverneur et recommande son gendre à ce poste. Il se retire dans sa seigneurie des Îles-Percées qu’il nomme dès lors Boucherville.

Pierre Boucher est aussi un fervent chrétien. Les registres de la paroisse Sainte-Famille débutent en 1668 par le baptême d’une amérindienne célébré par le père Marquette. Dès 1670, on trouve à Boucherville une petite chapelle en bois construite sur un terrain qu’il a donné à cette fin.

La paroisse est érigée par Mgr de Laval en 1678. L’érection canonique est décrétée en 1692 et l’érection civile en 1722. D’ailleurs, pendant plusieurs années des actes de baptêmes, de mariages et de sépultures des seigneuries avoisinantes telles : Chambly, Longueuil, Varennes, Verchères et Contrecœur, sont enregistrés à Boucherville. Le testament de Pierre Boucher témoigne également de sa ferveur chrétienne.

En 1688, Pierre Boucher fait construire un moulin à vent et une trentaine d’années plus tard, on bâtira un moulin à eau. En 1691, l’intendant Bochard considère la seigneurie de Pierre Boucher comme l’une des plus belles terres et des plus riches de la colonie.
Durant ses années de vieillesse, Pierre Boucher rédige ses « mémoires et son testament spirituel qu’il intitule Mes dernières volontés. La tradition veut que pendant plusieurs années après sa mort, à chaque premier de l’an, les curés de Boucherville aient lu en chaire, le texte de ce testament. Le père Léon Pouliot considère Pierre Boucher comme le canadien le plus respectable et le plus grand de son époque; mérite que personne ne saurait lui ravir. Il décède à Boucherville en 1717 à l’âge vénérable de 95 ans après avoir passé 82 ans de sa vie en Nouvelle-France. L’organisation civile, religieuse et scolaire de sa seigneurie repose sur des bases solides. Pierre Boucher a vécu 20 ans sous Louis XIII, 73 ans sous Louis XIV et 2 ans sous Louis XV. Il a connu les 13 premiers gouverneurs et les 7 premiers intendants de son pays d’adoption.

La descendance de Pierre Boucher est certainement l’une des plus considérables laissées par les émigrés venus s’établir en Nouvelle-France.

Son épouse Jeanne Crevier décède en 1727 à l’âge de 96 ans. De père en fils, sauf René-Amable Boucher de Boucherville, frère de François-Pierre, quatre autres seigneurs lui succèdent jusqu’à l’abolition du régime seigneurial en 1854. Les seigneurs, sauf le dernier, ainsi que plusieurs de leurs descendants sont inhumés dans la crypte de l’église Sainte-Famille à Boucherville. L’un de ses descendants, Charles-Eugène Boucher de Boucherville, devient premier ministre du Québec de 1874 à 1878 et de 1891 à 1892.

Vous pouvez consulter le livre de Louis Lalande: Une vieille seigneurie Boucherville paru en 1890 en cliquant ici

Les cinq seigneurs de Boucherville :